Amiens ou Perpignan qui bénéficient d'une dérogation, Le Mans ou Orléans qui affichent une dispense, Béthune ou Valenciennes qui restent indécises, Bayonne ou Metz qui s'accordent un petit délai… Le calendrier d'application des
Zones à faibles émissions (ZFE) est « limpide » sur le papier, puisqu'il découle de la loi Climat et Résilience de 2021. Mais dans les faits, alors qu'au 1er janvier 2025, 43 métropoles devraient normalement être concernées (excluant de fait plus de 1,8 million de véhicules qui y sont immatriculés, soit 11 % de leur parc
automobile), la cacophonie est de mise. La plus grande confusion continue à régner sur la mise en place de cette mesure injuste et antisociale, interdisant aux automobilistes n'ayant pas les moyens de remplacer leur vieux véhicule par un plus récent de circuler librement dans les grandes métropoles.
Illisible, brouillonne et toujours aussi injuste pour les automobilistes au budget le plus restreint. Voilà en résumé ce qu'on peut dire des Zones à faibles émissions, alors que depuis le 1er janvier 2025, ce sont 43 métropoles qui sont concernées.
Enfin, ça, c'est si la loi Climat et Résilience de 2021 était appliquée.
Dans les faits, le bazar règne en maître. Entre dispenses et dérogations, « périodes pédagogiques » et premières amendes à 68 ou 135 euros, les Zones à faibles émissions (ZFE) confirment leur vocation à empoisonner la vie des automobilistes et à semer la confusion.
Le retard à l'allumage permet provisoirement aux 1,8 million de
voitures particulières et véhicules utilitaires (auxquels il faut ajouter plusieurs dizaines de milliers de poids lourds) directement concernés, car immatriculés au sein de ces Zones à faibles émissions (ZFE), de continuer à circuler sans trop s'inquiéter des amendes pour le moment. Mais il faut reconnaître qu'on aura rarement vu loi plus mal fichue, plus méconnue et plus à côté de la plaque.
Le point au 1er janvier 2025 sur les niveaux d'application des Zones à faibles émissions (ZFE), sur les dispenses et autres dérogations.
- 43 Zones à faibles émissions (ZFE)… mais 12 « dormantes »C'est la grande nouveauté depuis le 1er janvier 2025 : de deux Zones à faibles émissions (ZFE) obligatoires (Grand Paris et Lyon où les niveaux de pollution dépassent les limites européennes), plus dix Zones à faibles émissions (ZFE) volontairement engagées dans un calendrier de restriction de circulation, nous sommes passés à 43. Dans les faits, douze des 43 Zones à faibles émissions (ZFE) ne vont pas lever le petit doigt pour le moment.
- La valse des dispenses et dérogationsLes douze métropoles nouvellement concernées par la première étape de mise en place de cette mesure (consistant à interdire la circulation des véhicules à vignette Crit'Air « NC » pour non classés, c'est-à-dire les voitures particulières d'avant 1997, les utilitaires d'avant octobre 1997 et les poids lourds d'avant octobre 2001), mais qui ne l'appliqueront pas, oscillent entre consignes kafkaïennes et volte-face de dernière minute pour passer entre les filets de la Zone à faibles émissions (ZFE).
Exemple :
La métropole de Dijon et son arrêté Zone à faibles émissions (ZFE).
Extrait de l'article 1er : « À compter du 1er janvier 2025, l'ensemble des voies de circulation de la Métropole de Dijon situé à l'intérieur de la rocade, est dorénavant inclus en zone à faibles émissions mobilités […]. »
Extrait de l'article 3 : « De manière temporaire, la mesure instaurée à l'article 1er ne s'applique pas, à titre dérogatoire, à l'ensemble des véhicules. »
Toulon
Toulon, de son côté, informait ses habitants des interdictions de circulation en novembre 2024 (modèles Crit'Air 5 et NC bannis de 8 h à 20 h du lundi au vendredi) pour y renoncer fin décembre 2024, avec la bénédiction de la préfecture du Var, qui souligne que la loi fixe des échéances, « mais sans cadre coercitif » (bfmtv.com, 26/12/2024).
- des amendes ou pasAux dernières nouvelles, la verbalisation automatique pour non-respect des Zones à faibles émissions (ZFE) est pour 2026. N'y voyez aucune mansuétude de la part des pouvoirs publics. Derrière les périodes « pédagogiques » annoncées se cache un véritable casse-tête pour croiser les bases de données nationales et locales qui permettront de déterminer si les propriétaires des véhicules concernés doivent recevoir une amende ou pas. Cette mise au point technologique profite pour le moment aux automobilistes, mais ce n'est qu'un répit de courte durée.
- le montant des amendesLe montant des amendes est fixé : 68 euros pour les véhicules légers et 135 euros pour les poids lourds.
Un décret publié le 31 décembre 2024 détaille les conditions d'affectation des recettes générées : les collectivités, en manque de liquidités, vont récupérer leur part du gâteau lorsque les amendes à échelle industrielle commenceront à tomber.
Avec 1,8 million de véhicules directement concernés par les interdictions de circulation car immatriculés au sein des Zones à faibles émissions (source : base de données du ministère de la Transition écologique), c'est une nouvelle étape qui a été franchie au 1er janvier 2025.
A ce 1,8 million de véhicules directement concernés s'ajoute les véhicules circulants à proximité des Zones à faibles émissions (ZFE). En Ile de France, les habitants des départements limitrophes de la Métropole du Grand Paris (78, 91, 93 et 95) ne sont pas directement concernés et comptabilisés. Pourtant, il n'y a qu'à regarder les embouteillages en semaine en direction de la capitale pour comprendre que des dizaines de milliers de véhicules immatriculés autour de la Métropole du Grand Paris vont subir l'impact des Zones à faibles émissions (ZFE).
« La mise en place des ZFE et les plannings de retrait des véhicules de ces zones en fonction de leur vignette Crit'air sont totalement asynchrones d'une métropole à l'autre, ce qui rend encore plus compliqué la vie des usagers : on peut actuellement rouler dans Annecy en Crit'air 5, mais plus dans Grenoble, deux villes voisines qui pourtant interagissent beaucoup par la route... », explique Mathieu Sion, responsable après-vente chez AAA Data.
« Plutôt que de planifier pour le plus grand nombre, nous pensons que les acteurs économiques et politiques, en particulier les villes, devraient adresser au cas par cas les besoins de leurs citoyens et entreprises locales. », ajoute-t-il.
Certaines Zones à faibles émissions (ZFE) n'appliqueront des restrictions de circulation qu'entre le printemps et l'été 2025.
Le nombre de véhicules concernés dépassera alors les 1 835 000.
Source : Ligue de Défense des
ConducteursCarte des ZFE (Ligue de Défense des Conducteurs)
Application dans les faits au 1er janvier 2025 (Ligue de Défense des Conducteurs)
VU = véhicules utilitaires
PL = poids lourds