Alors que le marché
automobile électrique français n'a jamais été aussi sous pression, que les constructeurs
automobiles, les loueurs automobiles et les distributeurs automobiles subissent des pertes importantes sur les retours des locations longue durée des
véhicules électriques, et que le rythme de développement de la demande est très lent, il est opportun de se poser la question
des perspectives à court et moyen terme des valeurs résiduelles des véhicules électriques.
C'est ce que fait Indicata dans son étude de mai 2025 sur les perspectives à court et moyen terme pour les valeurs résiduelles des véhicules électriques.
L'observation du marché des véhicules électriques d'
occasion montre
une moindre attractivité des véhicules électriques d'occasion que les véhicules thermiques d'occasion.
Pour déterminer l'attractivité d'un véhicule sur le marché de l'occasion, le cabinet Indicata utilise le concept de « Market Days Supply » (MDS). L'indicateur MDS prend en compte le nombre de véhicules vendus sur un cycle de 45 jours par rapport à l'offre total. Un MDS inférieur à 60 jours est le signe d'une bonne attractivité, quand un MDS supérieur à 120 jours atteste d'une faible attractivité.
Les véhicules électriques d'occasion affichent un MDS de 104 jours.
Sur la même période, les MDS des véhicules thermiques ou hybrides non-rechargeables sont inférieurs à 60. Ils sont respectivement de 57 pour les véhicules diesel (dont les véhicules diesel MHEV), de 60 pour les véhicules essence (dont les véhicules essence MHEV), de 55 pour les
véhicules GPL et de 44 pour les
véhicules hybrides non-rechargeables.
La « Market Days Supply » (MDS) élevée des véhicules électriques d'occasion montre l'attractivité nettement plus faible des véhicules électriques d'occasion par rapport aux véhicules thermiques d'occasion et une moins bonne rotation des stocks.
Yoann Taitz, Responsable Valeurs Futures et Expert Marché chez Indicata, précise à cet effet que
« les véhicules dont le MDS est inférieur à 60 jours s'échangent en véhicules d'occasion, en moyenne, à des prix 4% supérieurs à ceux dont le MDS est supérieur à 120 jours ». Cette moindre attractivité pour les véhicules électriques d'occasion s'explique notamment par des
prix de transaction trop élevés par rapport à l'usage des véhicules électriques, une
surabondance de stocks face à une demande encore limitée, mais également des
évolutions technologiques importantes et fréquentes survenues au cours des dernières années, notamment dans l'autonomie des véhicules électriques.
« Etant donné l'écart d'attractivité important qui existe actuellement entre les véhicules électriques et les véhicules thermiques sur le marché de l'occasion, en défaveur des véhicules électriques, il faut s'attendre à des baisses de prix importantes dans les mois à venir pour les véhicules électriques, mais également par effet de diffusion puisque les véhicules électriques de moins de 24 mois souffrent d'une attractivité encore plus faible, signe de prix de transaction bien trop élevés » selon Yoann Taitz.
Lorsque l'on observe les différents groupes d'âge, on constate que les véhicules électriques de moins de 2 ans, ainsi que les véhicules électriques de 6 à 8 ans ont des MDS plus élevés que les autres catégories d'âge, mais pas pour les mêmes raisons.
Pour les véhicules électriques récents, la faible attractivité s'explique par des
prix de transaction trop élevés et une
offre surabondante sur le marché.
Pour les véhicules électriques de 6 à 8 ans, la faible attractivité s'explique par les
différentes évolutions technologiques survenues sur le marché du véhicule électrique ces derniers années, entrainant notamment une amélioration importante de l'autonomie.
Dans le cas des véhicules thermiques, la lente amélioration technologique a un impact positif sur les valeurs résiduelles, puisque cela favorise le véhicule le plus récent sans pour autant défavoriser l'ancien véhicule en terme d'usage.
Dans le cas des véhicules électriques,
toute amélioration technologique, et notamment en termes d'autonomie totale du véhicule électrique, a un impact négatif sur les valeurs résiduelles, puisque cela dégrade de fait la performance des véhicules plus anciens, en comparaison des véhicules électriques neufs. Selon Yoann Taitz, « dès lors qu'une nouvelle génération de véhicules électriques propose une amélioration significative de l'autonomie pour un prix neuf très similaire, l'acheteur d'occasion va alors chercher à négocier davantage le prix du
véhicule d'occasion à la baisse, puisque avec une autonomie moindre ce véhicule électrique aura forcément un prix de revente moins élevé dans les années à venir, l'autonomie étant un élément clé dans la valeur résiduelle d'un véhicule électrique. C'est ce que l'on appelle l'effet smartphone ! ».
Source: étude Indicata de mai 2025 sur les perspectives à court et moyen terme pour les valeurs résiduelles des véhicules électriques.
Photo une-petite-voiture-electrique-branchee-sur-une-borne-de-recharge-28884704 de Pixa sur Pexel