Alors que le gouvernement poursuit ses concertations dans le cadre d'Ambition France Transport, certains considèrent
le rétrofit comme un levier stratégique pour la décarbonation et la sobriété énergétique du secteur automobile. Nous ne partageons cette opinion pour les véhicules particuliers.
Le rétrofit consiste à
prolonger la durée de vie des véhicules en
remplaçant leur motorisation thermique par une motorisation électrique zéro émission.
Cette transformation permet d'accélérer significativement la décarbonation du parc roulant français, tout en préservant les ressources naturelles. C'est en
théorie un atout environnemental pour la sobriété énergétique.
Les bénéfices environnementaux du rétrofit sont substantiels. Selon une étude de l'
ADEME, l'acquisition d'un
véhicule électrique neuf après la mise à la casse d'un véhicule thermique réduit les émissions de gaz à effet de serre de 47%. Avec le rétrofit, cette diminution atteint 66% pour les véhicules légers. De plus, la réutilisation d'un véhicule déjà en circulation permet d'éviter l'extraction de nouvelles matières premières et limite les pollutions associées à leur production (eau, air, sols). C'est une démarche concrète d'économie circulaire. Le rétrofit garantit la continuité de la mobilité en prolongeant la vie des véhicules existants.
La pertinence économique du rétrofit des véhicules particuliers est loin d'être avérée.
Cette transformation lourde, facturée entre 15 et 20 000 euros, constitue une
alternative financièrement désastreuse pour le propriétaire du véhicule rétrofité: perte d'autonomie significative, baisse importante des
performances,
coût financier élevé, etc.
Un véhicule particulier rétrofité va avoir certains des avantages d'un véhicule électrique (zéro émission)
au prix d'un véhicule électrique neuf ou faiblement kilométré; le tout avec
des caractéristiques obsolètes techniquement et des performances nettement inférieures.
Pour mémoire, les Leapmotor T03 et la
Dacia Spring neuves démarrent
à moins de 18 000 euros et les Byd Dolfin Surf et
Citroën e-C3
neuves démarrent
à partir de 20 000 euros.Le rétrofit permet tout au plus de
conserver des véhicules particuliers interdits de circulation dans des zones à faibles émissions (ZFE) ou des
véhicules particuliers bénéficiant d'aménagements spéciaux. Les aménagements spéciaux peuvent représenter un coût non négligeable et la transformation Rétrofit permet d'éviter de réinvestir dans ces aménagements.
Le marché du retrofit des véhicules particuliers
repose intégralement sur la subvention publique avec diverses
aides nationales et locales mises en place par certaines régions. La
prime rétrofit permet d'obtenir des aides de 1
500 euros pour les ménages,
cumulable avec les CEE qui sont d'un montant pouvant aller jusqu'à 900 euros. La Région Île-de-France a adopté le 30 janvier 2025 une prime allant jusqu'à 6 000 euros pour encourager le rétrofit des véhicules thermiques en électrique, plutôt que leur mise à la casse. Accessible aux particuliers, aux petites entreprises et aux collectivités, cette
prime à la non casse vise à promouvoir l'
économie circulaire.
La taille du marché du rétrofit des véhicules particuliers
dépend des zones à faibles émissions (ZFE).
Le rétrofit de véhicules particuliers se limite à ce jour à la
conversion des Renault R4, Renault R5, Citroën 2CV et Citroën Méhari.
Rappelons que l'interdiction de la
vente de véhicule thermique neufs en Europe à partir du 1er janvier 2035 ne concernent pas les véhicules thermiques roulants présents à cette date, du fait de la durée de vie des véhicules (en 2021, le parc automobile européen comptait plus de 250 millions de
voitures).
Note de l'auteur: Comme précisé, cet article n'aborde que la question du retrofit électrique de véhicules particuliers. Le sujet du rétrofit pour les véhicules utilitaires légers, les poids lourds et les bus n'est pas abordé.